NUAGES NOIRS SUR LA SAISON SECHE,
ou la chronique de la mort du Cap Skirring

La saison 2009-2010 au Cap-Skirring s'annonce comme la plus mauvaise depuis 15 ans. Plus grave, une partie des problèmes qui mènent à cette situation s'annonce comme durable : recrudescence des attaques rebelles, fermeture du Club Med, faillite d'Air Sénégal, incompétence d'un syndicat d'initiative miné par la corruption et les intérêts personnels, criminalité, conflits sociaux et "petitecotisation" de la station forment un cocktail fatal au Cap Skirring.

Rebelles, Cap Skirring, CasamanceViolences et attaques du MFDC : Depuis plus d'un an, la situation est redevenue aussi explosive qu'au temps des attaques et des embuscades des années 90. Pas une semaine ne passe sans qu'une attaque rebelle ne fasse des victimes parmi les militaires, les rebelles ou les civils. Guet-apens, routes coupées, mines font la une de la presse nationale aussi régulièrement qu'à la belle époque. Plus inquiétant, des assassinats ciblés sont désormais perpertrés contre des personnalités de l'état (élus, préfets), des civils ou même des touristes (voir la rubrique ACTUALITE). Si le Cap Skirring, déjà miné par une nouvelle délinquance, est épargné par les violences, la station fait figure de village retranché au milieu d'une Casamance qui s'embrase à nouveau. Ca n'est guère rassurant pour les touristes et particulièrement pour ceux qui envisageaient quelques balades.

Air Sénégal, vols et billets d'avion Cap SkirringARRÊT DES ROTATIONS D'AIR SENEGAL : C'est l'un des plus grands coups portés à la station. La compagnie nationale Air Sénégal International a déposé le bilan en pleine saison touristique. Il s'agissait de la seule compagnie effectuant des vols domestiques entre Dakar et le Cap Skirring et entre Dakar et Ziguinchor. C'était également la seule compagnie régulière proposant des vols depuis la France vers le Cap. Son dépôt de bilan, prévisible depuis longtemps, a coupé la station du monde et a fragilisé les quelques agences toujours assez courageuses pour commercialiser les plages du sud. Aucune perspective sérieuse de nouvelle compagnie nationale n'est envisageable, surtout dans une période ou les plus grandes de ce monde (Air France, British Airways, etc...) licencient le personnel à tour de bras pour cause de difficultés économiques.

ABSENCE DE VOLS DIRECTS OU AVEC CORRESPONDANCE POUR LA SAISON : En raison du dépôt de bilan d'Air Sénégal International plus aucun vol régulier ne se pose au Cap Skirring (que ce soit de Dakar ou de Paris). Mais plus grave, la fermeture du Club Med pour la saison 2009-2010 (en raison son incendie) fait que le vol charter habituellement affrété principalement par l'hôtel ne se posera pas sur les pistes du Cap cette saison. La crise financière et la menace de la grippe H1N1 font pour finir qu'aucun autre avion n'est prévu avant fin... 2010 ! Une agence de voyages spécialisée, financièrement très fragilisée par les rapatriements et remboursements du mois d'avril (suite aux problèmes d'Air Sénégal) commercialise une "partie d'avion" qui continuerait vers le Cap Skirring après s'être posé à Dakar avec un autre affréteur. Les risques liés à la saison catastrophique à venir et à la crise financière devraient faire réfléchir ceux qui imaginent voler jusqu'au Cap cette année : ils risquent très fortement de se retrouver à passer leurs vacances d'hiver à Valenciennes en attendant leur chèque de remboursement. La situation est donc catastrophique et le Cap Skirring est isolé du monde depuis le mois d'avril. Même le bateau Aline Sitoe Diatta qui faisait la navette en Dakar et Ziguinchor s'est arrêté pour réparation. Il n'a été remis en service qu'au début de l'été. L'emprunter est d'ailleurs inimaginable pour des touristes qui viennent passer une semaine ou quinze jours seulement au Cap Skirring car les horaires de départ de l'aller et du retour sont rarement calés sur les horaires des avions venant d'Europe. Il faut donc passer au minimum un à trois jours à l'hôtel à Dakar et de toutes manières, le bateau et si souvent plein qu'il faut réserver ses places bien longtemps à l'avance.

Club Med Cap SkirringINCENDIE DU CLUB MED CAP SKIRRING : Le célèbre hôtel-club qui a fait la renommée du Cap Skirring a partiellement brûlé dans deux incendies au printemps (voir la page d'infos à ce sujet). Le principal avion étant affrété pour convoyer les clients de cet hôtel, il ne se posera pas cet automne dans la station. Un partie de l'animation et des activités du Cap (golf, etc..) étant assurée par le Club Med et ses clients, voilà un autre sujet de préoccupation pour la noire saison à venir.

INCURIE DU SYNDICAT D'INITIATIVE : Quand un chimpanzé illettré (que l'on surnomme d'ailleurs "The Chimp" avec l'accent anglais, un être assez trapu au faciès absent) qui sans que personne ne comprenne vraiment ni pourquoi ni comment (ou plutôt alors que tout le monde sait pourquoi et comment) se retrouve président de la Chambre de Commerce de Ziguinchor et du Syndicat d'Initiative, alors le tourisme peut couler ! L'arriération mentale dont fait preuve ce bourricot et les pratiques mafieuses auxquelles lui et son bon cousin (ex-député, ex-sinistre ministre, ex-maire de Ziguinchor et grand prédateur financier) sont habitués ont conduit au désastre actuel. Alors que vue la situation, toutes les énergies, toutes les bonnes volontés, toutes les médiations sont nécessaires pour relancer le tourisme régional (ou de manière plus réaliste pour éviter la débâcle), la clique élue (de manière d'ailleurs toujours aussi discutable et discutée) se sert de cette association débilisante pour servir ses propres intérêts. Une assemblée d'abrutis a transformé le Syndicat d'Initiative (chargé de défendre les intérêts du tourisme dans la région) en syndicat d'hôteliers se donnant la mission (seule et unique ?) de défendre les intérêts des plus véreux d'entre eux. Les quelques moutons castrés qui par peur de représailles ou par soumission au maître ne disent rien sont encore plus nuisibles et méprisables ::: c'est à ceux-ci que les jeunes Kabroussois au chômage devront demander des comptes. Avec leurs outils. >>> Voir notre lettre ouverte aux hôteliers de Casamance.

Délinquance, insécurité Cap Skirring CasamanceCRIMINALITE EN HAUSSE : Agressions, vols, viols, arnaques: pas une année n'a été plus calme que la précédente. Si on est encore loin de la situation déplorable que connait la Petite Côte sénégalaise, on s'y achemine cependant à grands pas. Rien n'est vraiment entrepris pour enrayer le phénomène et, se promener au Cap Skirring devient périlleux. En outre, un nouveau type de criminalité s'est installé en même temps qu'a augmenté le nombre de ceux que l'on appellent les "résidents", ces Européens louant ou construisant une maison et dont une partie de la population est peu recommandable. Certains de ces "résidents" génèrent par leur comportement ou leurs activités une nouvelle délinquance insidieuse qui a déjà coulé la réputation de Saly.

Conflits sociaux Sénégal Cap SkirringCONFLITS SOCIAUX : La pression immobilière de ces trente dernières années s'est encore accentuée durant les 5 dernières. Aujourd'hui, plus un lopin de terre côtier n'appartient aux villageois qui se retrouvent en 2009 avec leur maison et un morceau de marécage pour le riz. Pendant longtemps, le patrimoine des Kabroussois a été soldé à des investisseurs apportant ainsi des devises. Mais tout a été vendu et la fontaine à dollar s'est tarie. Les jeunes se sentent donc aujourd'hui spoliés et les conflits fonciers se multiplient. La revente de terrains déjà vendus ou les extorsions de fonds dont sont victimes certains propriétaires rendent la situation invivable. Quand rien n'a été construit sur le terrain on trouve généralement un moyen piquer la parcelle à l'étranger qui l'a acheté. Et quand quelque chose est construit c'est le chantage à l'incendie.

Parallèlement à tout ça, les grands hôtels qui fournissaient une partie de la main d'oeuvre (Savana, Royal Cap, Royal Kabrousse, et cette année Club Med) sont fermés et n'embauchent plus. Plus de travail, plus de terrains : les jeunes Kabroussois manifestent leur colère en défilant une machette à la main.

Grippe H1N1 SénégalGRIPPE H1N1 : Si cette satanée grippe n'est pas aussi dangereuse qu'on nous l'avait fait croire au printemps, elle n'en est pas moins terriblement contagieuse. Les structures sanitaires au Cap Skirring et en Casamance étant inefficaces et/ou inexistantes les touristes n'ont pas droit à l'erreur et on imagine mal des Arlésiennes en short passer leurs vacances avec un masque chirurgical. Les conséquences de cette grippe qui va atteindre son pic de contagion lors du dernier trimestre 2009 risquent d'être désastreuses. La cerise sur un gâteau à la grimace.