Casamance

La Casamance (« Kasa » (Portugais: Casamança)) est une région historique et naturelle du Sénégal située au sud-ouest du pays, entre la Gambie et la Guinée-Bissau, partiellement isolée du reste du pays par le territoire gambien. La Casamance, qui doit son nom au fleuve Casamance, est composée des régions administratives de Ziguinchor à l'ouest et de Kolda à l'est.

Ses habitants se nomment « Casamançais ». L'ethnie majoritaire en Casamance est le peuple Diola, qui parle la langue Diola (jóola), avec les dialectes Boulouf, Fogny et Kasa. Les Diolas sont le plus souvent Musulman Islam 77%, voire chrétiens (alors que l'essentiel de la population sénégalaise est musulmane jusqu'à 94% selon les sources), caractérisant ainsi chez eux une identité forte, qui alimente un certain indépendantisme (voir l'article Conflit en Casamance).

Les plus grandes villes de Casamance sont : dans la région de Ziguinchor, Ziguinchor, Bignona, Oussouye, la station de tourisme de Cap Skirring, et, dans la région de Kolda, Kolda, Sédhiou, Vélingara.

La Casamance, appelée également pays flup du nom du royaume diola qui a couvert cette région, est un pays de forêts, de fleuves et de rivières. Les premiers colonisateurs ont été étonnés par le talent des architectes diolas, constructeurs de cases à impluvium et de cases à étage, comme à Mlomp notamment  (1).

La région a donné naissance à des personnages historiques qui ont lutté contre la colonisation occidentale, et qui sont, encore aujourd'hui, présents dans les mémoires, comme Djignabo Badji ou Aline Sitoé Diatta (Alyn Sytoe Jata ou Aline Sitow Diatta).

Dans les années 1950 à 1970 les Chinois ont importé en Casamance des techniques de culture du riz.

Depuis 1982, le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) réclame l'indépendance de la région. Le 13 décembre 2011, pour asseoir ses revendications d'indépendance, le mouvement à enlevé 5 militaires sénégalais après attaque contre un cantonnement de l’armée qui a fait plusieurs morts dans le village de Kabeum  (2).

Sommaire

  

Histoire

  • 1445 : Dinis Dias, navigateur portugais découvre la région et donne le nom de "Casamansa".
  • 1456 : Alvise Cadamosto, navigateur vénitien explore la rivière située au sud de la Gambie appartenant à un roi noir le Kasa Mansa, le roi des Kasas (sous-groupe Diola).
  • 1570 : André Alvares Amada, navigateur portugais remonte le fleuve Casamance et rencontre le Kasa Mansa à Birkama.
  • 1645 : Fondation de la ville de Ziguinchor par les Portugais.
  • 1837 : Achat d'un terrain par la France où elle construit la forteresse de Sédhiou.
  • 1851 : Prise de Karabane par la France, qui proclame sa souveraineté sur Kagnout et Samatit.
  • 1860 : signature de traités par les Français avec plusieurs villages du Boulouf : Tendouck, Elana, Mangagoulack et d'autres.
  • 1878-1880 : Invasion du Fogny par Fodé Kaba.
  • 1886 : Ziguinchor devient française par signature d'une convention entre la France et le Portugal.
  • 1892 : Installation de la Compagnie française de l'Afrique occidentale (CFAO) d'origine marseillaise à Ziguinchor.
  • 1901 (23 mars) : Mort de Fodé Kaba.
  • 1901 : Installation d'une compagnie française à Bignona.
  • 1903 : Arrestation du roi Sihalebe Jata (ou Diatta) par erreur militaire : le roi est un prêtre aux mains nues. Cette arrestation a fait de Sédhiou une ville sacrée.
  • 1905 : Séparation de la mission portugaise et de la mission française à (Oussouye) après la délimitation définitive des frontières entre la Guinée portugaise et les territoires français.
  • 1908 : Avènement de Jankebe, roi de Husuy, successeur de Sihalebe Jata.
  • 1914 - 1918 : Nombreuses pertes humaines pour la Casamance dans la Première Guerre mondiale.
  • 1917 : Le gouverneur général Joost van Vollenhoven émet un avis défavorable au principe d'un nouveau recrutement militaire en Casamance. Les populations locales y sont hostiles.

« Nous ne sommes pas les maîtres de la Basse Casamance. Nous y sommes seulement tolérés. »

« (...) les Diolas viennent de nous prouver que leur obstination incoercible est aussi difficile à vaincre qu'une rébellion active [...] Nous sommes malheureusement à peu près désarmés devant ce genre de résistance. On n'admettrait pas en effet l'emploi d'armes contre une population butée qui ne répond à aucune de nos mises en demeure d'obéir mais qui se garderait bien de faire le moindre geste ou de se livrer à une démonstration menaçante. Ce n'est pas la peur des Blancs qui les fait agir de la sorte comme ils le disent mais la volonté bien arrêtée de ne pas nous obéir. Et cela dure depuis que nous occupons le pays, c'est-à-dire depuis 50 ou 60 ans environ. »

  • 1918 : Arrestation de la prêtresse Alandiso.
  • 1920 : Répression militaire à Bayotte pour refus de payer les impôts.
  • 1942 : Apogée du culte de Kasila, autel de prière pour la pluie selon le rite de Aline Sitoé Diatta, prêtresse charismatique, déportée sans retour pour son influence civile.
  • 1943 : Incendie et destruction d'Efok par mesure répressive. Le colonel Sajous accompagné du sergent chef Mandros, du médecin militaire Raoul et de l'interprète Tété Diédhiou mettent en œuvre un plan d'arrestation de la prêtresse charismatique Aline Sitoé Diatta à Kabrousse.
  • 1960 : Indépendance du Sénégal.
Le drapeau adopté par leMFDC en 1988
  • 1982 : Réveil de l'irrédentisme en Casamance faisant des centaines de victimes en plein jour dans la ville de Ziguinchor. Elle a pris progressivement la forme d'un conflit armé entre le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) et le pouvoir hérité des accords d'indépendance de 1960.
  • 2003 : Décès de Sidhi Badji, secrétaire général du MFDC. Des négociations réelles pour la paix continuent.
  • 30 décembre 2004 : signature d'un accord de paix entre le président Abdoulaye Wade et le secrétaire général du MFDC Augustin Diamacoune Senghor.
  • 15 janvier 2007 : mort d'Augustin Diamacoune Senghor.
  • 13 décembre 2011 : le MFDC attaque un camp militaire sénégalais : plusieurs morts et 5 militaires enlevés  (2).

Économie


La région est avant tout agricole et touristique. Les infrastructures significatives sont essentiellement touristiques et situées en bordure d'océan, à Kafountine au Nord Ouest et à Cap Skirring au Sud Ouest. Cette dernière localité est réputée, autant par ses plages paradisiaques, considérées comme les plus belles de toute l'Afrique de l'Ouest, que par la présence depuis 35 ans d'un village 4 tridents du Club Med. Depuis le début des années 2000, de nombreuses structures d'hébergement de toutes catégories, du simple campement intégré, géré par les populations locales, à l'hôtel cinq étoiles Luxe-Charme-Authenticité (normes touristiques locales) se sont installés à proximité, faisant de Cap Skirring la deuxième station balnéaire en taille du Sénégal, mais la premère en beauté naturelle.

  1.  (↑) Habitat traditionnel de Casamance [archive]
  2. ↑  (a) et  (b) [1] [archive]

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Olga Linares de Sapir, « Shell middens of lower Casamance and problems of Diola protohistory », West African Journal of Archaeology (Oxford University Press), Ibadan, 1971, vol. I, p. 23-54
  • (en) Olga F. Linares, Prayer, Power, and Production: The Jola of Casamance, Senegal, Cambridge University Press, 280 p. 1992
  • (en) Francis G. Snyder, Capitalism and Legal Change: An African Transformation, Academic Press, New York, 1981, 334 p. (ISBN 0-12-654220-1)
  • (en) Francis G. Snyder, « Land Law and Economic Change in Rural Senegal: Diola Pledge Transactions and Disputes », in Ian Hamnett (dir.), Social Anthropology and Law, (Association of Social Anthropologists Monograph 14, Academic Presss, Londres, New York, San Francisco, 1977, p. 113-158 (ISBN 0-12-322350-4)
  • (fr) Collectif, Sénégal. La terreur en Casamance : le rapport d’Amnesty International, 1999 (ISBN 2876660946)
  • (fr) François-Georges Barbier-Wiesser (sous la direction de), Comprendre la Casamance. Chronique d'une intégration contrastée, Paris, Karthala, 1994, 484 p. (ISBN 286537503X)
  • (fr) Jean-Marie François Biagui, Trois Manifestes pour la paix en Casamance, 1994, 85 p. (ISBN 2907999257)
  • (fr) Jean-Marie François Biagui, De l’indépendance de la Casamance en question, 1994, 62 p. (ISBN 2907999273)
  • (fr) Pierre-Marie Bosc, A la croisée des pouvoirs : Une organisation paysanne face à la gestion des ressources, Basse Casamance, Sénégal, CIRAD, 2005 (ISBN 2876146010)
  • (fr) Marie Claerhout-Dubois, Les campements intégrés de Casamance (Sénégal) : à la recherche d'un tourisme à l'échelle humaine, Université de Paris V, 1995 (thèse)
  • (fr) Marie-Christine Cormier Salem, Gestion et évolution des espaces aquatiques: la Casamance, Paris, ORSTOM, 1992, 583 p. (Etudes et Thèses). Th. (nouveau régime) : Géogr., Paris 10 : Nanterre. 1989/12/22.
  • (fr) Dominique Darbon, L’administration et le paysan en Casamance : essai d’anthropologie administrative, Pedone, 1988, 222 p. (Thèse publiée) (ISBN 2233001850)
  • (fr) Opa Diallo, Commerce et commerçants mandingues en Casamance (1815-1950), Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 1992, 118 p. (Mémoire de maîtrise)
  • (fr) Marina Diallo Cô-Trung, La Compagnie générale des oléagineux tropicaux en Casamance de 1948 à 1962 : autopsie d'une opération de mise en valeur coloniale, Karthala, 2000, 520 p. (ISBN 2865377857)
  • (fr) Nazaire Diatta, Proverbes Jóola de Casamance, Karthala, 1998, 416 p. (ISBN 2865377180)
  • (fr) Diédhiou, Riz, symboles et développement chez les Diola de Basse Casamance, PU Laval, 2005 (ISBN 2763781802)
  • (fr) Abdallah Djenedi, Implantation et expansion des ordres Qadiriyya et Tidjanniyya en Casamance, Dakar, Université de Dakar, 1983, 107 p. (Mémoire de maîtrise)
  • (fr) Makhtar Fall, Les populations de la Casamance et les feux précoces, Université Laval, 1987 (M. Sc.)
  • (fr) Ahmadou Gassama, La Casamance entre les deux guerres, Paris, Université de Paris VII, 1976, 97 p. (Mémoire de maîtrise)
  • (fr) Jean Girard, Associations traditionnelles en Casamance et monde moderne, Dakar, Université de Dakar, 1964, 146 p. (Diplôme d’Etudes Supérieures)
  • (fr) Jean Girard, Genèse du pouvoir charismatique en Basse-Casamance sénégal, Dakar, IFAN, 1969, 364 p.
  • (fr) Bertrand Guillot de Suduirant, Kassoumaye : Une case en Casamance, Confluences, 2005 (ISBN 2914240643)
  • (fr) Insa Manga, Crise agricole dans une vallée de Casamance: le bassin de Goudomp, Rouen, Mémoire de maîtrise de géographie, Université de Rouen, 2003, 106 p.
  • (fr) Jean-Claude Marut, La question de Casamance (Sénégal). Une analyse géopolitique, thèse de doctorat, Paris, Université de Paris 8, 1999
  • (fr) Philippe Megelle, Les difficultés d’implantation de la chefferie coloniale dans les pays diola de Basse Casamance, 1890-1923, Université de Dakar, 2001, 89 p. (Mémoire de DEA)
  • (fr) Franco Merici, Ouleye Diallo et Marco Tenucci, Casamance. Kassoumaye du Sénégal, L’Harmattan, 2004, 237 p. (ISBN 2-85802-022-7)
  • (fr) Abdourahmane Ndiaye, La Terreur en Casamance. Les convoyeurs d’armes, L’Harmattan, Encres Noires, 1994, 160 p. (ISBN 2-7384-2563-1)
  • (fr) Sidy Niang, La propagation de l’islam en moyenne et haute Casamance au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle : problème de sources ; étude critique, Dakar, Université de Dakar, 1986, 41 p. (Diplôme d’Etudes Approfondies)
  • (fr) Claude Oudot Démographie de la Casamance, Kolda, 1971, 32 p.
  • (fr) Paolo Palmeri, Retour dans un village diola de Casamance, L’Harmattan, 1995, 488 p. (ISBN 2-7384-3616-1)
  • (fr) Ibrahima Paré, Evolution économique de la Casamance (1880-1930), Dakar, Université de Dakar, 1981, 130 p. (Mémoire de maîtrise)
  • (fr) Nelly Robin, « Le déracinement des populations en Casamance. Un défi pour l'État de droit », Revue européenne des migrations internationales, 2006, vol. 22, n° 1, p. 153-181
  • (fr) Christian Roche, Histoire de la Casamance : Conquête et résistance 1850-1920, Karthala, 2000, 408 p. (Thèse Université de Paris I, remaniée) (ISBN 2865371255)
  • (fr) Christian Saglio, Casamance, L’Harmattan, 2004, 176 p. (ISBN 2-85802-403-8)
  • (fr) Muriel Scibilia, La Casamance ouvre ses cases. Tourisme au Sénégal, L’Harmattan, 2003, 174 p. (ISBN 2-85802-676-9)
  • (fr) Antoine Tendeng, Les sources de l’histoire de la Casamance aux archives du Sénégal (1816-1920), Dakar, Université de Dakar, 1974, 383 p. (Mémoire de maîtrise)
  • (fr) Marco Tenucci et Ouleye Diallo, Casamance, L’Harmattan, 2004, (ISBN 2858024030)
  • (fr) Daniel Thiéba, Agriculture et accumulation au Sénégal. Le cas de la Basse-Casamance, Paris, Université de Paris I, 1985, 449 p. (Thèse de 3e cycle)
  • (fr) John Twagirayezu, Le développement régional agricole au Sénégal : le cas du Projet Intégré de Développement Agricole de la Casamance (PIDAC), Université du Québec à Rimouski, 1987 (M. A.).
  • (fr) Constant Van den Berghen et Adrien Manga, Une introduction à un voyage en Casamance : Enampor, un village de riziculteurs en Casamance, au Sénégal, L’Harmattan, 2000, 292 p. (ISBN 2738479618)
  • (fr) J. Vieillefon, Les Sols des mangroves et des tannes de Basse-Casamance (Sénégal), IRD, ORSTOM, 1977, 291 p. (ISBN 2709904462)

Filmographie

Films documentaires

  • 1968 : La Lutte casamançaise (film de Momar Thiam)
  • 2006 : Casamance : l'autre Sénégal (film documentaire de Virginie Berda, 51')

Films de fiction

(dont certaines séquences ont été tournées en Casamance)

  • 1996 : Más allá del jardín (Pedro Olea, Espagne)